"On est en exil au regard d’un pays, d’une terre, mais aussi à l’intérieur de soi. Dans ce film, je veux montrer que les Afghans vivant dehors, dans d’épouvantables conditions, sont en exil par rapport à eux-mêmes : tel était coiffeur, ou vendeur de fruits et légumes, ou ingénieur, se retrouve précipité dans un rôle qui n’était pas fait pour lui : celui d’un aventurier qui a traversé des pays inconnus et dangereux, comme la Libye, celui d’un naufragé, d’un rescapé, et pour finir d’un intrus. Aucun des exilés n’était préparé à de telles péripéties, à l’expérience de telles barbaries. Chaque exilé est devenu un autre.
Le sujet de ce film est : en exil, on ne trouve jamais sa place ; on est sans cesse déplacé. On est toujours poussé, inlassablement, ailleurs – mais cet ailleurs n’existe pas. Sa place ? Sociale, mais aussi, bêtement géographique, bêtement topologique : les CRS délogent sans arrêt ceux qui, à bout de forces, Érythréens, Afghans, Soudanais, cherchent, sur ce morceau de planète appelé « Calais » un endroit où se poser, où se reposer une heure ou deux. C’est impossible : à peine installés, ils sont désinstallés ; à peine arrivés, ils sont chassés ; à peine endormis, ils sont réveillés ; à peine assoupis, ils sont molestés ; à peine reposés, ils sont humiliés. "
Yann Moix, décembre 2017

Re-Calais est un film documentaire de Yann Moix produit par Hikari. Il sera diffusé le 9 juin 2018 sur Arte.

Revue de Presse

Pendant huit mois, Yann Moix est retourné à Calais filmer ces candidats au départ vers l'Angleterre, qu'il préfère appeler "exilés" plutôt que "migrants", a tendu son micro aux Calaisiens en colère, aux policiers et aux personnes chargées de nettoyer les campements de fortune.
Avec empathie et la volonté de "décrire la réalité simplement",  il donne à voir l'attente "beckettienne" de ces hommes venus du bout du monde, empêchés de partir, mais aussi de rester, et met le doigt sur l'absurdité d'une situation inextricable. NouvelObs

Entre rage et humour, l’écrivain, caméra au poing, donne à voir l’insoluble situation des migrants. Si le propos de Yann Moix prend souvent des accents contestataires, il n’est cependant pas dénué d’humour. Comme si l’ironie formait un rempart face à cette situation insupportable. Le Monde

Yann Moix était à Séoul (déjà) pour y réaliser un film sur les deux Corées, en tournage depuis déjà six ans. Il rencontre là-bas un producteur qui lui dit : 
"- Est-ce que ça t'intéresserait d'aller voir un "ailleurs" qui se situe en France ? 
- Quel est cet ailleurs ? interroge Moix, intrigué.  
- Calais. 
- Il est trop tard. La jungle est démantelée.  
- Tu te trompes. C'est maintenant que tout commence, parce qu'à l'époque de la jungle, ils avaient des endroits où aller. Aujourd'hui, chaque fois qu'ils se posent dans un coin, on les oblige à dégager. Et les moyens que l'on utilise pour les virer sont d'une violence hallucinante." 
https://www.lexpress.fr/culture/yann-moix-ecorche-a-vie_2038981.html

Avec "Re-Calais", un documentaire de 50 minutes qui sera diffusé sur Arte samedi, Yann Moix apporte un regard différent sur la question migratoire à Calais. Objectif affiché : donner la parole à tout le monde (ou presque), tout en assumant un point de vue partial... et artistique ?
France 3

Re-Calais navigue entre deux eaux, mêlant tragique et humour taquin. Du jamais vu pour un reportage sur la situation migratoire dans la région. Moix joue la carte de la moquerie bienveillante à l'égard de ces exilés, comme lorsqu’il explique que la tendance est au rose fluo en montrant plusieurs sacs de couchage de cette couleur ; ou bien que l’avant-centre d’un match de foot improvisé sur un terrain vague se trouve hors-jeu alors que ce dernier est en train de dormir à même le sol. Le Nouveau Magazine littéraire